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jeudi 27 mars 2014

« Bellum omnium contra omnes » (Hobbes, Léviathan) ou les survivants à une épidémie de zombie

« Bellum omnium contra omnes »
est une phrase en latin (parce Monsieur parlait couramment latin*) signifiant :
« la guerre de tous contre tous »
« Quand vous aurez tourné la dernière page de ce livre, ne vous posez qu'une seule question: que faire ? Finir votre existence dans la résignation ou relever la tête et crier au monde "Je ne veux pas être une victime ! Je survivrai " ? A vous de choisir. »
 Max Brooks, Guide de survie en territoire zombie (2003)


Il faut d'abord comprendre que Hobbes n'est pas le seul a avoir travaillé à partir de cet expérience de pensée qu'est l'homme à l'état de nature. D'autre s'y sont également penché comme Aristote, Rousseau (mais ce qu'il dit ne collait pas vraiment avec ma vision des survivants à une épidémie de zombie), Locke (que je n'ai pas étudié)...
Cette hypothèse méthodologique permet aux philosophes de travailler sur l'émergence de la société. Ainsi, l'état de nature se définit comme : l’état des hommes n’ayant entre eux d’autre lien que leur qualité commune d’être des êtres humains, chacun étant libre et égal à tous. 


Si l'état de nature est toujours une situation antérieure à la naissance de l'Etat, nous verrons qu'aujourd'hui les choses peuvent s'inverser en cas d'attaque zombie.
Ainsi, nous comparerons l'hypothèse de l'homme à l'état de nature avec les survivants d'une hypothétique attaque zombie.

Comme l'indique le titre, nous ne nous baserons que sur une partie du Léviathan de Hobbes.
Afin d’effectuer une comparaison avec les survivants à une épidémie zombie, nous nous appuierons sur
les ouvrages les plus récents qui traitent du sujet (qui relève donc d'une vision moderne des zombies) tel que*** The Wolking Dead de Frank Darabont et Robert Kirkman, Guide de survie en territoire zombie de Max Brooks ainsi que de notre imagination et notre raison.
Dans cette hypothèse d'une épidémie zombie se ne sont pas les zombies en eux-même (ça c'est surtout pour le fun -et pour le décors) qui nous intéresse mais surtout le fait que les hommes se retrouvent : ISOLES, SANS SOCIÉTÉ, SANS LOIS ET DANS LA CRAINTE (QUASI) PERMANENTE


Hobbes, en rupture avec la conception de Aristote (je l'indique au cas ou vous connaîtriez la
conception de Aristote ou que vous vouliez faire une recherche), présente l'homme comme méfiant dans le Léviathan.
En effet, une des caractéristique de l'homme est de posséder le conatus, c'est-à-dire L'EFFORT POUR SE CONSERVER SOIT-MÊME et, par ce fait, de SE DÉFENDRE CONTRE LA MENACE QUE REPRÉSENTE AUTRUI.
L'homme à l'état de nature que Hobbes décrit est donc un homme qui craint la mort subite plus qu'il ne recherche la domination sur les autres hommes. Cet état d'esprit est retrouvé dans beaucoup de films post-apocalyptique (ou les zombie n'interviennent pas forcement) : le manque de confiance en autrui est palpable dans toute situation ou nous sommes confrontés à un face-à-face. La question se pose alors de ce que pense l'autre : est-il en train de penser à me tuer ?

Saison 4 de The Walking Dead

A l'état de nature, l'homme est libre d'utiliser comme bon lui semble tous les moyens à sa disposition pour assurer sa propre conservation. Car en temps normal comme en cas d'attaque zombie, seul SA PROPRE CONSERVATION intéresse finalement l'homme.
Je contrerai deux idées qui pourrait venir alimenter votre réticence face à cette vision que l'on pourrait juger pessimiste :
- les héros (quand ils le sont) de The Walking Dead sont américains. A-mé-ri-cains ;
- sauver une autre personne peut être un moyen d'assurer sa propre conservation.
C'est pourquoi Max Brooks, dans son livre, ne parle pas seulement de technique de protection contre les zombie mais également contre les pillards car si « nous excellons dans l'art de nous entre-tuer. Éliminer des zombies, par contre, c'est une autre histoire. » Hobbes souligne aussi que cette liberté illimitée conduit à « LA GUERRE DU TOUS CONTRE TOUS ».
« On constate ici que, aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun pour les maintenir tous dans la crainte, ils se trouvent dans l'état qu'on appelle guerre ; et qu'aussi cela se tient en une guerre de tous les hommes contre tous les hommes […]. Dans une telle situation il n'y a pas de place pour une activité humaine; car les fruits qu'il pourrait récolter, sont incertains : et par conséquent, il n'y a [...] pas de société, et le pire, une crainte continuelle et le danger de mort violente; et l'homme mène une existence solitaire, misérable, difficile, sauvage et brève. »
— Hobbes, Leviathan (1651), première partie, chapitre 13, §62


Wonderland Amusement Park - Beijing, Chine (les lieux abandonnés sont un de mes dadas) !

L'état de nature pour Hobbes, c’est « L'HORRIBLE ETAT DE GUERRE » car la crainte mutuelle empêche les survivants de s'allier et, si l'on oublie The Walking Dead, nous pouvons aisément nous imaginer que, malgré notre envie de pouvoir compter sur quelqu'un, le doute nous tarauderait : puis-je avoir confiance ? Ne cherche-t-il pas à assurer sa propre conservation ? Va-t-il voler ce qui assure ma propre conservation ? L'homme, qu'il soit à l'état de nature ou le survivant d'une attaque zombie, ne peut pas vivre en amitié avec ses semblables. Dans les deux cas, l'homme ne peut miser que sur sa propre existence et dans cette situation il ne peut en aucun cas se permettre de devoir se sacrifier pour le bien commun : il ne lui reste plus que le choix que de REFUSER LA VIE EN COMMUNAUTÉ POUR LA GUERRE PERMANENTE DU « TOUS CONTRE TOUS ».

Comme nous pouvons aisément le penser et comme le souligne Hobbes, toutes LES RÉCOLTES SONT INCERTAINES : quand les autres hommes ne les volent pas, la vie itinérante imposé par les zombies se chargent de réduire ce travail à néant.
« Abordons le seul mot-clé à retenir : survie. Pas victoire ni conquête, mais survie. Ce livre n'a pas l'ambition de vous transformer en chasseur de zombies professionnel. Ceux qui souhaitent suivre cette voie iront chercher conseil ailleurs. »
 Max Brooks, Guide de survie en territoire zombie (2003)

Affiche parodique de The Walking Dead - saison 4.

* De Cive à été écrit en latin par Hobbes
** : selon la définition du site de l'académie de Grenoble
*** voici la liste des ouvrages récents que je n'utiliserai pas :
- Heart Land de Matthew A Collins : pas encore sortie ;
- 28 jours plus tard (avec Cillian Murphy) de Danny Boyle : pour ne pas dire de bêtise sur le film étant donné que cela longtemps que je ne l'ai pas vu ;
- Resident Evil (le film) de Paul W.S. Anderson : ne correspond pas à ma conception des zombies ;
- Je suis une légende (le film) de : le héros étant seul, il n'a aucun intérêt par rapport à l'article ;
- Warm Bodies de Jonathan Levine : ne correspond pas à ma conception des survivants.

Sources :
- ma mémoire ; ma raison ; mon imagination. (HA HA HA)
Autres sources :
- Monsieur C. mon professeur de philosophie (dont je ne connais pas la réaction s'il s'avait que j'utilise ses cours pour faire des comparaisons avec une épidémie zombie) ;
- Bellum omnium contra omnes
- Les théories du contrat social Hobbes, Locke et Rousseau

« Le meilleur choix reste le pied-de-biche en acier trempé. Son poids relativement mesuré et sa très grande résistance en font l'arme idéale du combat rapproché intensif. Ses bords recourbés à demi aiguisés vous permettront également de le planter dans l'oeil et d'atteindre très facilement le cerveau. Bon nombre de réfugiés se sont débarrassés des zombies de cette façon. »
 Max Brooks, Guide de survie en territoire zombie (2003)

Pour conclure, il ne faut pas oublier que même si l'hypothèse de l'homme à l'état de nature est toujours utilisée placée avant la création de la société, Hobbes précise qu'il s'agit en fait d'un état permanent, latent.

Cet article annonce un prochain article ou il sera question des effets qu'auraient des zombies sur la crise environnementale et économique. 

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